Mercredi 17 juillet : Rendez-vous en terre inconnue chez les Iban

Aujourd'hui, nous nous sommes imaginés participer à "Rendez-vous en terre inconnue", sans Frédéric Lopez,  à la rencontre des Ibans, une tribu de Bornéo.

Une famille nous attends effectivement à des milliers de km de chez nous.

Nous quittons le parc de Bako au petit matin. Adrian nous a organisé le transfert en bateau plus tôt que les 1ers départ prévus ainsi que le transfert en minibus jusqu'au centre de Kuching. Tout la logistique dont il s'est occupée pour nous a été parfaite, ce n'est d'ailleurs pas vraiment un B&B qu'il tient, mais bien plus pour toute l'aide qu'il nous a apporté.
Nous rencontrons Danney, qui sera notre guide pour ces 3 prochains jours. Nous aurons 4 heures de route, avec un arrêt au marché de Serian pour faire le plein de provision et une pause déjeuner à Lachau. 

C'est bizarre mais en nous enfonçant au coeur de Bornéo, nous voyons beaucoup plus les effets de la déforestation et de la culture des palmiers pour l'huile de palme qu'aux abords de Kuching. Les longhouse au bord de la route sont neuves et construites en dur. Notre expédition se poursuit avec 45 minutes de pirogue à moteur sur le lac de Batang Ai, lac artificiel créé lors de la création du barrage. C'est un long chemin mais c'est le prix à payer pour approcher une des dernière longhouse authentique, Ukom, construite en bois et en tôle en 1985 lorsque la construction du barrage a englouti l'ancienne.

Mais cette longhouse ne survivra plus pour très longtemps car la communauté a décidé d'en construire une nouvelle en dur un peu plus loin. Quoi de plus normal quand on voit leur condition de vie dans la longhouse actuelle, leur aspiration à la modernité est naturelle. Il n'y aura bientôt plus que des longhouses aménagées pour les touristes. Nous aurons profité de leur hospitalité en les côtoyant au plus près. Notre longhouse est un assemblage de bric et de broc ou cohabitent 32 familles. Elle est comme son nom l'indique très longue avec d'un côté le couloir et la zone de vie commune et de l'autre les logements des famille, séparés par de fines cloisons. 

Après avoir salué le chef de la communauté (très jeune, 32 ans) et bu un verre d'alcool de riz, qui ne sera malheureusement pas le dernier, nous intégrons le logement de notre famille d'accueil. Notre logement est comme une auberge ouverte aux 4 vents, chacun passe dire bonjour, discuter, grignoter et boire. Emma et Ninny participeront à l'élaboration du repas avec toute la famille. 

Les verres d'alcool de riz continuent  à tourner, OOO HAAA (santé), nous grignotons de la biche qu'ils viennent de tuer, cuite au barbecue, des concombres en attendant un vrai festin. Nous rencontrons un couple de français logeant également dans la longhouse qui termine un tour de l'Asie du sud-est de 7 mois et nous partageons quelques expériences avec eux. Le contact avec les Ibans se fait avec des gestes et des sourires et nous passerons une très bonne soirée.

Ninny attire l'attention, difficile pour eux de situer Madagascar mais ils sont unanimes pour relever une origine indonésienne. Le nombre de bouteille d'alcool de riz, peu fermenté (riz, canne à sucre et levure) ou plus fort (leur whisky local) bu est impressionnant, surtout que comme le même verre tourne, ils restent devant nous jusqu'à ce que chacun ait fini son verre. Les hommes prennent un malin plaisir à faire boire les femmes.

La soirée continue par des danses traditionnelles de chasseurs et de danseuses.

Nous discutons avec le chef, élu depuis 6 mois pour une période de 5 ans . C'est le fils de l'ancien chef mais la succession n'est plus automatique comme par le passé. Il a été élu à la mort de son père, l'ancien chef.

Après de nombreux verre d'alcool de riz plus tard, nous nous couchons sur nos matelas équipés de moustiquaires, un peu comme Antoine de Maximy dans J'irai dormir chez vous. Tout à coup, plein de bruit dehors, nous apprendrons le lendemain matin que c'était une dispute conjugale et que tous les autres habitants ont accouru pour apaiser la situation. C'est ça la vie en communauté. Malgré l'alcool, nous entendrons le bruit des coqs, qui chantent bien avant le petit matin, et une pluie tropicale matinale.